vendredi 26 août 2011

L’Égypte écrit, le Liban imprime et l’Irak lit

"L’Égypte écrit, le Liban imprime et l’Irak lit." Vieil adage ? D'où vient-il ? Éléments de réponse avec Franck Mermier, anthropologue, chercheur eu CNRS, Institut français du Proche-Orient, Beyrouth, dans son enquête : L’édition arabe au Moyen-Orient, Les acteurs éditoriaux du livre de jeunesse, Enquête, octobre 2002 (l'intégralité de l'étude de Franck Mermier est en lecture en ligne.)

تَارِيخ الطِبَاءَةِ فِي الشَرْق العَرَبِي
Tarikh-al-tiba`a fi al-sharq al-arabi, Histoire de l'imprimerie dans l'Orient arabe [Khalil Sabat, 2nd ed. Cairo: Dar al-Ma‘arif, 1966], 378 p.

"C’est notamment à partir de 1965, mais plus encore entre 1971 et 1980, que de nombreux écrivains égyptiens choisirent ou furent contraints de publier leurs œuvres hors d’Égypte, prioritairement à Beyrouth mais aussi dans une moindre mesure à Damas et à Bagdad. Ce phénomène résultait en partie du corset de la censure mais plus largement du monopole de la vie culturelle instauré par l’État égyptien sous les régimes de Nasser et de Sadate.
Il en découla, durant cette période, un partage des rôles entre l’Égypte et le Liban que reflète assez bien cet adage né dans les années 60 : “L’Égypte écrit, le Liban édite et l’Irak lit”. Il indique la suprématie égyptienne dans le champ de la production et de la création culturelles et la prééminence du Liban dans celui de l’échange commercial.
Le rôle prépondérant de Beyrouth dans l’édition arabe, en concurrence constante avec Le Caire, a résulté du fait que le Liban est le seul pays arabe à disposer d’un régime parlementaire libéral, permettant une liberté de publication et d’expression inégalée dans la région. La déliquescence de l’État libanais, l’anarchie et l’absence de réglementation qui prévalurent durant la guerre civile (1975-1990) favorisèrent la création de nombreuses maisons d’édition et imprimeries, la frontière entre les deux étant souvent peu marquée."

Voir également cet ouvrage plus récent de Franck Mermier, Le livre et la ville. Beyrouth et l’édition arabe, Actes Sud / Sindbad, 2005, 244 p.



Aujourd'hui Franck Mermier travaille au Laboratoire d’Anthropologie Urbaine (Ivry-sur-Seine).

Voir également la Bibliothèque universitaire des langues et civilisations (BULAC).

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