lundi 15 août 2011

b.a.-ba ou abjad ?, jouissance de l'arabe

L'alphabet arabe comporte 28 lettres. Plus quelques signes graphiques, comme la hamza (همزة = piqûre, en français), et seulement trois voyelles : a, i, ou. Ces signes accompagnent les 28 lettres.
La prédominance de ces consonnes fait que l'alphabet est appelé consonantique, ou abjad (أﺑﺠﺪ), terme issu des premières lettres de l'alphabet arabe historique soit ʾalif, bāʾ, ǧīm et dāl (أﺑﺠﺪ).
Les signes diacritiques sont facultatifs, ce qui rend la lecture d'un texte arabe difficile pour les débutants. Avec les diacritiques, ou voyelles, on dit que le texte est vocalisé.

Vocaliser un texte est donc un bon exercice. Il est d'ailleurs signe de maîtrise : l'agrégation d'arabe le propose à ses candidats, qui doivent appliquer les règles de vocalisation arabe ou i‘rāb إعراب.


Arthur Rimbaud (1854-1891), avait composé Voyelles, son sonnet en alexandrins (1870 ; 1871), avant son voyage à Aden… Que pensait-il de la musicalité de l'arabe ?

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour vos naissances latentes :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles,

Golfes d'ombre ; E, candeur des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles
Dans la colère ou les ivresses pénitentes ;

U, cycles, vibrements divins des mers virides,
Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides
Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;

O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silence traversés des Mondes et des Anges :
- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! -

Le jeu des associations de lettres, chez Rimbaud, comme dans le mot le plus long du jeu télévisé Les chiffres et les lettres est fascinant jusque dans les études des linguistes, comme exposé dans le cours d'André Thibault qui compare les langues selon leur rapport consonnes/voyelles. Selon ce professeur, titulaire de la chaire « Francophonie et variété des français », à l'Université de Paris-Sorbonne (Paris IV) :

"Une première approche simplement articulatoire permet d’identifier divers types de langues
en fonction de leur inventaire de sons.
D’un strict point de vue quantitatif d’abord, on constate de grandes disparités d’une langue à l’autre dans le nombre de voyelles et de consonnes ; deux phonèmes vocaliques seulement pour l’oubykh (une langue du Caucase aujourd’hui éteinte, son dernier locuteur étant décédé en 1992), trois phonèmes vocaliques pour le quichua [langue d‘Équateur proche du quechua], l’arabe et l’inuktitut (langue officielle du Nunavut, au Canada), environ une quinzaine en français, une trentaine en khmer ; huit consonnes pour le tahitien, environ une vingtaine en français, mais 78 en oubykh (un petit nombre de voyelles semble impliquer un fort nombre de consonnes)."

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