samedi 13 août 2011

Le Printemps arabe, mot à mot

En Tunisie, "la révolution de jasmin" n'a fait florès qu'un temps, les intéressés eux-mêmes lui préférant "révolution tunisienne" ou "révolution Facebook" (Le Monde, 17/01/11). Un bouillonnement qui s'est illustré par d'autres mots, comme "Dégage !", "Braquage" ou… "Je vous ai compris", comme racontés par Le NouvelObs.com

Au cœur de la place Tahrir (‏ميدان التحرير = mydān āt-taḥryr), en français : « place de la Libération », l'un des cœur du Caire, s'agissait-il de révolte ou de révolution, soit thawra (الثَوْرَة) ?

Toujours est-il que le parler quotidien s'en est emparé avec ce  "sabah el-thawra" (صَبَاحُ الثَوْرَة) : c’est ainsi que l’on se dit bonjour maintenant en Egypte, littéralement « Matin de révolution ». L’expression a remplacé l’habituel sabah el-kheir ( صَبَاحُ الخَيْرْ bon matin), ou sabah el-ward (matin de fleur)", nous raconte snony sur son blog, depuis la capitale égyptienne.

A Sanaa (Yémen), la place centrale a été rebaptisée place "Taghyir" ou la place du "Changement" (تَغِيِيِر).
Et les chercheurs se posent la question : Thaourah : révolte ou révolution dans le monde arabe ?, titre d'une journée d’étude le 23 novembre 2011, organisée par France Guérin Pace (INED) et Jean-Yves Moisseron (IRD) dans le cadre du Colloque International du GIS CIST « Fonder les sciences du territoire ».

Enfin, par ces temps de vacances et d'usage de routes saturées, rappelons qu'un autre mot s'est inscrit dans le pays mental de l'Arabie Saoudite, le mot conduire ( سَاقَ), où des femmes militent pour ce droit élémentaire (chronique À la rencontre de battantes, de Lysiane J. Baudu, TV5 monde).

Un engagement relativisé par l'écrivain marocain Fouad Laroui, pour qui, ccomme il l'écrit dans Libération, "Le printemps arabe, ça n’existe pas, c’est juste un tic de langage. La situation en Libye, avec cet Ubu tragique qui faisait poser des bombes dans les avions, n’a rien à voir avec celle qui prévaut au Maroc. Bahreïn et son mélange explosif sunnites-chiites ne peut pas être comparé à ton pays. Le Yémen tribal a cent ans de retard sur tout le monde. Les Saoudiennes en sont à demander timidement qu’on leur permette de polluer la planète au volant d’un 4x4, comme leurs hommes. La Syrie… Il suffit de voir les images à la télé. Tu reconnais quelque chose de ton pays dans ce qui se passe à Homs ou à Homa ? Il y a des révoltes arabes, chacune marquée par les conditions locales. Alors connais-toi toi-même. (Oui, encore une vieille lune… qui brille encore.)"
En somme, tel est le prix de la liberté, c'est-à-dire en arabe : ḥourīa (حُرِيّة).

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